Le groupe immobilier dirigé par le norvégien Kurt Svendheim, connu pour plusieurs gigantesques projets couronnés de succès à Pattaya, vient de déposer une demande de mise en redressement judiciaire auprès du tribunal de Commerce. L’entreprise est en situation de cessation de paiement depuis plus d’un an, les chantiers à l’arrêt. Des pertes potentielles de plusieurs millions d’euros pour des milliers d’acheteurs : drame du Covid ou immense escroquerie ?
Jusqu’à l’année dernière, le nom de New Nordic évoquait en Thaïlande un succès fulgurant. Des immeubles qui poussaient comme des champignons, des fêtes somptueuses, l’argent qui coule à flot, des investisseurs ravis. Le tout dans un décor orange vif, la couleur fétiche du groupe.
Il faut dire que les produits d’investissement locatif offerts par la compagnie défient toute concurrence. New Nordic, par le biais de plusieurs agences, (dont trois dirigées par des Français, TPP, TPG et Company Vauban) proposait d’acquérir un appartement ou une chambre d’hôtel dans une destination touristique. Parfois, le contrat incluait quelques semaines par an d’utilisation personnelle, pour d’éventuelles vacances. Le reste du temps, le promoteur s’engageait à louer le bien et à le gérer. Les appartements étaient destinés en priorité à des clients russes et chinois pour des locations de courte durée.
Le modèle New Nordic
Grâce à ce modèle, New Nordic promet un taux de rentabilité locative très élevé, entre 6 et 10% par an. Prenons par exemple un appartement à 100.000 euros : l’acheteur est assuré de toucher entre 6 et 10.000 euros par an pendant un certain nombre d’années (en général, 5 à 10 ans). A cela s’ajoutait un système de « cashback », pour les appartements achetés sur plan, où l’acheteur accepte de payer la totalité d’un bien immobilier avant même sa construction : « les acheteurs jouent le rôle d’une banque, expliquent des agents familiers du système. Ils prêtent l’argent nécessaire à la construction de l’appartement, ensuite, le promoteur rembourse une partie de cet argent. » Selon plusieurs experts indépendants, ce système n’est possible qu’avec un prix de vente bien au-dessus des prix du marché.
Enfin, New Nordic s’engageait à racheter le bien immobilier de 10 à 30% au-dessus de son prix d’achat au bout d’un certain nombre d’années. Une garantie « satisfait ou remboursé », en somme. « Dans tous les cas, vous récupérez votre capital », clament triomphalement les sites internet des différentes agences qui commercialisent le produit. Bref, un investissement juteux, sans aucun risque. Trop beau pour être vrai ? Sans doute. Mais pendant un temps, ça fonctionne.
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Le 28 janvier dernier, le couperet tombe : à cause de l’arrêt du secteur du tourisme, New Nordic Development est menacée de faillite et dépose le bilan, les investisseurs pourraient tout perdre.
Depuis, les questions fusent : la pandémie est-elle seule responsable du fiasco ou, au contraire, a-t-elle été une aubaine pour New Nordic, permettant de suspendre les paiements en toute légalité et de gagner un temps précieux ? Y a-t-il eu mauvaise gestion, des abus de confiance, voire une escroquerie de grande ampleur avec préméditation, et qui était au courant ? Ou assiste-t-on tout simplement à la conclusion inévitable d’un business-model aux pratiques douteuses ?
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