Serge Atlaoui, un Français de 61 ans condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, a quitté sa prison de Jakarta après un accord conclu fin janvier, et espère recouvrer la liberté après 19 ans de prison.

Serge Atlaoui a attendu dix-neuf ans dans une prison d’Indonésie avant de pouvoir rentrer en France. Le ressortissant français avait été arrêté en 2005 dans une usine de la banlieue de Jakarta où de la drogue avait été découverte. Il avait été dès lors incarcéré par les autorités qui le soupçonnaient d’être un « chimiste » impliqué dans un marché de stupéfiants. L’artisan soudeur originaire de Metz s’est pourtant toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique. Depuis 2005, la France négocie le retour de Serge Atlaoui avec l’Indonésie. Un accord a finalement été conclu ce 24 janvier 2025.
Demandé officiellement le 4 novembre par la France dans une lettre du ministre de la Justice, son retour a été rendu possible par la signature d’un accord le 24 janvier entre les ministres français Gérald Darmanin et indonésien Yusril Ihza Mahendra.
Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de « ne pas exécuter » le prisonnier et d’autoriser son retour pour « raisons humanitaires » car « il est malade ». M. Atlaoui a en effet suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison.
Jakarta laisse également la liberté au gouvernement français d’accorder « sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine » au seul Français actuellement condamné à mort dans l’archipel.
M. Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts, en banlieue de Jakarta, et les autorités l’avaient accusé d’être un « chimiste ».
Venu de Metz, dans le nord-est de la France, cet artisan soudeur, père de quatre enfants, s’est toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique.
Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel.
Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression, les autorités indonésiennes ayant accepté de laisser un appel en suspens suivre son cours.
L’affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde. Mais aussi en France où de nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s’étaient mobilisées pour le soutenir.
L’Indonésie qui n’a plus procédé à d’exécution depuis 2016, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l’association de défense des droits Kontras, citant des données officielles.
Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l’Immigration et des services correctionnels.
Une Philippine de 39 ans, Mary Jane Veloso, arrêtée en 2010 et également condamnée à la peine capitale pour trafic de drogue, a été transférée aux Philippines à la mi-décembre, après un accord entre les deux pays.
Selon l’ONG française Ensemble contre la peine de mort (ECPM), outre M. Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde: deux hommes au Maroc, un en Chine ainsi qu’une femme en Algérie.