En Birmanie, des frappes aériennes visent la minorité karen.
Mae Sam Laep (Thailand) – La vie paisible d’un village reculé du nord de la Thailande a été chamboulée cette semaine par l’arrivée de réfugiés fuyant la Birmanie voisine, rappelant à ses habitants de l’ethnie Karen de mauvais souvenirs encore vivaces.
Depuis le week-end dernier, la junte militaire mène des attaques quasi-quotidiennes contre des places-fortes de l’Union Nationale Karen (UNK), pour la première fois depuis une vingtaine d’années.
Plus de 520 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le coup d’État du 1er février au Myanmar.
Quelques 7.000 personnes ont fui leurs villages à la suite de ces raids aériens. La moitié se terre dans la jungle et environ 3.000 autres ont traversé le fleuve pour se réfugier en Thaïlande.
Les groupes Karen de défense des droits humains ont accusé la Thaïlande de forcer les réfugiés à rentrer en Birmanie, ce que Bangkok dément catégoriquement.
Sans vouloir se prononcer sur cette question, Tamu Nochi, un habitant du village de Mae Sam Laep, qui appartient lui aussi à l’ethnie Karen, dit qu’il compatit avec eux, ces réfugiés n’auraient pas eu à quitter leurs maisons », affirme à l’AFP cet homme de 75 ans. Lui aussi a fui l’Etat Karen il y a trente ans, et tient aujourd’hui une petite épicerie sur l’unique rue du petit village bordée de commerces.
La majorité des habitants vivent dans des maisons de bois et de bambou dangereusement perchées sur le terrain boisé et escarpé surplombant le fleuve.
Vers le milieu des années 90, la junte a intensifié ses offensives en Etat Karen, poussant la plupart des habitants du côté birman de la frontière à se réfugier dans des camps en Thaïlande.
Depuis le village, on peut voir un avant-poste militaire birman sur l’autre rive.
Sur le fleuve, des enfants jouent dans l’eau, d’autres se baignent ou lavent leurs vêtements, un spectacle idyllique et paisible, contrastant avec les raids aériens menés à quelques kilomètres de ce lieu.
© 2021 AFP Mae Sam Laep (Thailand)