En Thaïlande aller à l’école en Songthaew

En Thaïlande, aller à l’école en songthaew, une première épreuve de la vie ..

En Isaan, l’immense région qui recouvre le nord-est de la Thaïlande, limitrophe du Laos et du Cambodge, la majorité des enfants ne vont pas à l’école à vélo, moto ou auto.
Le mode de locomotion quasi obligé lorsque la distance est respectable est le “ songthaew ”.

Un taxi collectif plutôt brinquebalant, pourvu de deux banquettes en skaï à l’arrière et ouvert à tous vents. On y accède en sautant sur un marchepied. Les garçons arborent chemisette blanche et short kaki parfois un tantinet délavé mais toujours impeccable à l’orée de la journée. Soucieux d’élévation sociale, ils grimpent de concert jusqu’à se jucher sur la galerie. Quand ils s’agitent, on dirait une grappe de hérons cendrés. Au risque de l’insécurité. Bien réelle si le véhicule venait à gîter dangereusement dans une courbe mais la récompense est toujours au rendez-vous.

De là-haut, vue imprenable sur les champs qui défilent de chaque côté, piquetés çà et là de palmiers au tronc télescopique. Le vent fouette les visages angéliques, leur insufflant un air de liberté avant d’affronter l’univers codifié de l’école. Là où il ne faut pas déroger aux codes d’une discipline très stricte. De leur côté, les filles se veulent pimpantes dans leur chemisier blanc, jupette bleu marine plus ou moins défraîchie mais socquettes immaculées. Vraie performance dans cet environnement du chaos routier plutôt salissant. On s’astreint à une mise soignée bien que dans ces régions agrestes, les budgets familiaux soient particulièrement étriqués. Les petites écolières s’agglutinent sur la plateforme du véhicule ou s’agrippent comme elles le peuvent à la moindre barre de fer. Station debout…c’est souvent la norme du voyage. Ce qui requiert force et endurance car le sac à dos, généralement chargé à ras bord, fait ployer les constitutions juvéniles. Les physionomies encore éloignées de la maturité sont pourtant coutumières d’une vie rude.

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Matrice culturelle

Cette contrée qui est leur matrice culturelle et identitaire persiste à offrir un confort des plus rudimentaires dans les campagnes. Les “chawnaa” (prononcer tchaona, les paysans) s’attachent à l’essentiel. Peu d’affèterie dans le déroulé des activités quotidiennes. Ce serait dérisoire, pour ainsi dire superfétatoire. L’éducation de la moindre marmaille, naturellement joyeuse et pétulante, représente un sacrifice pécuniaire substantiel mais nul parent n’aurait l’idée saugrenue de s’y soustraire. Se rendre en classe…ce petit cérémonial ambulant se répète chaque jour de l’année scolaire. En Isaan, plus qu’ailleurs, l’apprentissage est une conquête.

Une chronique de Patrick Chesneau

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